PRÉSENTATION
L’objectif des conférences est de proposer aux
chercheurs et étudiants spécialisés une introduction à l’histoire du livre et
de l’imprimé au Brésil. Ce champ de recherche, dans lequel la tradition
française a gardé une place éminente depuis un demi-siècle (avec la sortie de
L’Apparition du livre, par Lucien Febvre et Henri-Jean Martin, en 1958), a
connu au Brésil un développement plus récent, mais d’autant plus rapide.
La Première Conférence:
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Sala de Leitura e Livraria do Colégio dos Jesuítas de Salvador - Bahia, cuja decoração se fez no final do século XVII |
« Livres, Lectures et
Censure en Amérique Portugaise »
introduira à l’historiographie du sujet , et permettra de présenter les
caractères originaux de l’histoire du livre au Brésil.
Celle-ci se déroule d’abord dans une logique
coloniale, puisque les imprimés sont exclusivement importés d’Europe jusqu’au
début du XIXe siècle, avec la fondation de la première imprimerie brésilienne,
l’Imprimerie royale, par le Régent d. João (1808) .
Cette histoire est, dans le long terme, une
histoire transnationale : les établissements européens au Brésil sont de
différentes origines (Portugais, Français (au XVIe siècle) et Hollandais (au
XVIIe siècle), et le peuplement brésilien est caractérisé par une diversité qui
correspond à la dimension continentale du pays (avec des minorités
germanophones, etc., sans oublier la population d’origine indigène).
Enfin, l’imprimé joue un rôle clé dans la
construction du Brésil comme État-Nation, surtout après l’indépendance (1822).
La presse périodique constitue ici un élément essentiel, mais aussi le
développement des structures et de l’édition scolaires.
Le cas du Brésil, entre colonisation,
indépendance et logiques transnationales, est ainsi très révélateur pour un
certain nombre de problématiques intéressant la recherche historique
aujourd’hui.
Deuxième Conférence:
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Planta do Rio de Janeiro, 1812 |
« L’imprimé et
l’invention de l’État-Nation » : Faute d’un lectorat suffisant , les
importations d’imprimés au Brésil se font d’abord par le biais de négociants
non spécialisés, commissionnaires et expéditeurs, voire personnes privées, tous
acteurs dont les réseaux ont fait l’objet d’études poussées, y compris
s’agissant des politiques de surveillance et de contrôle. Sur place, le rôle
des bibliothèques est très important, les plus riches appartenant, jusqu’au
XVIIIe siècle, aux ordres religieux.
Pourtant, les dernières décennies du XVIIIe
siècle voient émerger un mouvement de sécularisation de la lecture et des
espaces de lecture, et les premières bibliothèques publiques apparaissent au
début du XIXe siècle : il s’agit d’abord d’initiatives privées, mais les fondations publiques se
répandent dans un certain nombre de villes après 1822. La Bibliothèque royale,
créée en 1811, devient alors Bibliothèque nationale .
Le XIXe siècle est le « siècle de la presse
périodique », avec des titres comme O Spectador Brazileiro et le Jornal do
Commercio (1827) fondés par un émigré français, Pierre Plancher. Ces
professionnels développent aussi une activité d’édition générale (avec par ex.
la publication des premiers romans imprimés au Brésil) et de librairie de
détail.
Le Brésil est au XIXe siècle engagé dans un
processus de transformation rapide, dans lequel le rôle des villes est
essentiel : on passe d’une société dominée par la cour et par une économie de
l’esclavage (jusqu’en 1888) à une société engagée dans la modernité économique
et sociale. Deux phénomènes seront plus particulièrement abordés.
Sur le plan interne, les dimensions du pays
posent des problèmes relevant de l’intégration (la frontière au sens américain
du terme), de la diversité des peuplements et des oppositions très profondes de
développement (ville / monde rural ; côte / intérieur, etc.). On éclairera ce
point à travers l’étude de la ville, en soulignant le paradoxe : l’imprimé est
facteur d’unité (avec les livres scolaires, etc.), mais aussi de diversité
(visible à travers la typologie variée des produits et de leurs circuits de
distribution).
Sur le plan extérieur, le Brésil s’intègre
pleinement dans les systèmes modernes d’échanges internationaux, avec l’essor
des lignes maritimes régulières, anglaises, puis françaises (1861), et avec la
participation à l’Union générale des postes (1878). L’époque est marquée par un
développement très rapide des importations de livres et d’imprimés, notamment
français, qui font du Brésil un des principaux marchés extérieurs pour cette
production. L’analyse statistique permet de préciser la conjoncture du
phénomène, et la nature des expéditions
. L’hypothèse est posée, selon laquelle l’influence française dans le
domaine de la librairie au XIXe siècle dériverait de celle exercée par les
idées des Lumières et par la Révolution. Il est remarquable que l’on produise
alors aussi à Paris des éditions en portugais directement destinées à
l’exportation .
Troisième et Quatrième Conférences :
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Les étiquettes de la Librairie Garraux (1860-1935),
synonime de la modernité en matière de commerce des livres à São Paulo |
En
abordant la monographie d’un acteur privilégié de ces transferts, nous
prolongeons une tradition de l’historiographie brésilienne, notamment en
histoire du livre (avec des études de maisons d’édition) , tout en approfondissant certains aspects
des phénomènes présentés dans les conférences précédentes. Et, pour en
conclure, un regard sur le développement de l’économie du livre au demi XXe
siècle.